Les discours entendus au Bourget pendant la conférence sur le climat étaient tous poignants, ils nous donnaient l’impression que nous entrions dans une ère nouvelle et que la destruction de la planète ne serait bientôt plus qu’un mauvais souvenir.

L’illusion n’a pas duré longtemps, les conclusions de cette conférence ne sont pas à la hauteur des enjeux et les gros projets destructeurs comme le contournement Est de Rouen sont toujours d’actualité.

Déjà aujourd’hui, nous n’avons pas suffisamment de terres agricoles en France pour assurer notre alimentation. Nos importations de soja mobilisent en Amérique latine plus d’hectares que la surface française destinée à l’export de blé. Nous ne devons notre balance commerciale positive qu’à la forte valeur ajoutée des vins et spiritueux que nous exportons. Il nous faut la production des terres agricoles étrangères pour satisfaire nos besoins. Nous importons du riz, du cacao, du café, de la viande de bœuf et d’agneau, des agrumes, des tomates, du coton, etc. Il nous manque 3 à 4 millions d’hectares agricoles pour être autosuffisants en France et chaque année en Seine-Maritime c’est 1400 hectares qui sont artificialisés.

A qui profite le crime ?

Les gros gagnants sont les entreprises du BTP qui font le lobbying qu’il faut et espèrent encore une fois empocher le jackpot. Si la circulation est bouchée matin et soir sur toutes les routes qui mènent à Rouen, elle le restera sur le boulevard industriel après la construction de ce « contournement » parce qu’à ces heures il y a très peu de camions et l’essentiel des voitures qui empruntent cet axe le fait pour rejoindre Rouen. Covoiturage, bus, métro, vélo, moto, sont les seules alternatives qui permettront à Rouen d’être accessible et plus respirable.

Une réflexion sur une partie du trafic de camions doit aussi être menée. N’est-il pas aberrant que les cochons bretons soient emmenés en Allemagne pour y être abattus parce que celle-ci sous-paye ses salariés ? Faut-il acheter des tomates en hiver qui sont produites à Almeria en Espagne et où une partie des travailleurs sont de véritables esclaves ?

Le boulevard industriel de Rouen est déjà totalement dédié à l’activité économique et à la circulation automobile ; il n’y a que très peu d’habitations alentour. Son aménagement est possible, il débouche déjà sur le pont Mathilde qui est directement relié aux autoroutes A28 et A29. Ces travaux consommeront infiniment moins d’énergie que la destruction des 500 hectares qui seront nécessaires pour la construction des 40 kilomètres de ce nouvel autoroute.

Les recettes d’hier ne sont plus celles qu’il faut pour le monde d’aujourd’hui. Nous ne pouvons plus sacrifier la terre, notre vie en dépend.