Jugement en appel

Des peines moins lourdes qu'en 1ère instance

* Les refus de prélèvement d'ADN : coupables mais dispensés de peine ;

* Pas de peines de prison mais des amendes de 1500 à 5000 €.


=>
La Confédération paysanne prend acte des condamnations ;

 => Le combat pour un autre modèle d'agriculture continue !

=> lire le communiqué de presse

AMIENS LE 17 JUIN

 Un grand témoin : Olivier de Schutter

Seul témoin de la défense, le 17 juin, Olivier de Schutter a été de 2008 à 2014 rapporteur spécial pour le droit de l'alimentation auprès de l'ONU. Ses propos ont fortement marqué l'auditoire de la cour d'appel d'Amiens.

 « Je ne suis pas un témoin direct des faits pour lesquels les militants sont ici poursuivis. Mon rôle n'est pas d'évoquer des situations personnelles, ni de porter un jugement. Je suis ce qu'on appelle un témoin de moralité.

Pendant des années, j'ai travaillé sur les questions d'agriculture et d'alimentation dans le monde. Je peux donc parler du contexte dans lequel ces faits s'inscrivent (les actions pour lesquelles les 9 militants sont poursuivis, NDLR). Depuis 50 ans, l'agriculture industrielle pousse l'agriculture paysanne dans ses retranchements, comme un rouleau compresseur, entièrement tourné vers l'augmentation des volumes, avec la volonté de faire toujours baisser les prix à la production, sans se préoccuper des conséquences sociales. Ni des conséquences environnementales. L'agriculture industrielle substitue l'économie à l'agronomie. Elle sépare les plantes et les animaux, nie les complémentarités et les synergies, spécialise et intensifie les productions. Elle épuise les sols, obligeant à des apports extérieurs qui provoquent de graves pollutions.

Cette agriculture est terriblement dépendante des énergies fossiles, avec une grande responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre responsables du dérèglement climatique.

C'est ainsi un modèle condamné à disparaître, comme un athlète dopé dont les performances sont trompeuses. Cette agriculture qui se présente comme moderne, à mes yeux appartient déjà au passé.

Elle présente des externalités très négatives, de la pollution des sols à la santé publique. Elle est en cause dans la prolifération des maladies liées à une mauvaise alimentation : trop de sucre, de sel, de graisse...

Ses conséquences sociales sont considérables, notamment son impact sur les petites fermes familiales. Pour survivre, elles doivent s'agrandir, s'endetter, se concentrer... Jusqu'à ne plus pouvoir suivre. L'agriculture industrielle amène la fin du monde des paysans !

La question à se poser aujourd'hui est : pourquoi le système politique est asservi aux grands intérêts industriels et pas à l'écoute des paysans, et ce même en France où pourtant l'agriculture est au cœur de la vie du pays ?

Par leurs actions, les 9 militants ici jugés ont voulu porter le débat sur la place publique. Les juges américains ont ainsi du juger les grands sit-in et autres actions pour les droits civiques dans les années 60. Plus tôt, les juges indiens avaient été confrontés aux marches et autres actes de désobéissance civique de Gandhi et Nehru. Jusqu'à ce que ces actions soient reconnues légitimes, avec les conséquences que nous connaissons.»

Propos relevés par Benoît Ducasse, pour Campagnes solidaires